Samedi 5 octobre 2019, présentation et projection-débat du film « Ces traces qui restent », par son réalisateur, Olivier FELY-BIOLET, Bibliothèque Saint-Corneille

Samedi 5 octobre 2019, présentation et projection-débat du film « Ces traces qui restent », par son réalisateur, Olivier FELY-BIOLET, Bibliothèque Saint-Corneille

 

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Cette séance commune avec la Société Historique de Compiègne, suivie par un nombreux public et particulièrement chargée d’émotion, a apporté un vif et salutaire éclairage sur le système de répression du régime nazi pendant la Seconde guerre mondiale, à partir de la reconstitution du destin singulier, resté longtemps mal élucidé, d’un jeune Compiégnois, propre cousin du réalisateur, dont il a su retrouver « les traces qui restent » dans les archives et sur les lieux successifs de son tragique parcours en 1942-1943.

Jacques Lamotte, alors âgé de 15 ans, fut arrêté à Compiègne par la Feldgendarmerie le 14 février 1942, avec son copain de Choisy-au-Bac Maurice Bredin, pour détention illégale d’armes. Ne pouvant être jugé ni condamné en l’absence de preuves d’entrée en Résistance, mais considéré comme ennemi potentiel du Reich, il tomba sous le coup de la législation Nacht und Nebel instaurée par Hitler en 1941 pour terrifier plus efficacement les populations occupées, consistant à faire disparaître les opposants sans aucunes traces, laissant leurs proches dans une mortelle incertitude et une vaine attente. Ainsi Emilia, mère de Jacques, grande tante du réalisateur, chercha les traces de son fils et espéra son retour tout le reste de sa vie.

Jacques Lamotte fut d’abord emprisonné hors écrou à Compiègne, à la citadelle d’Amiens puis à la Santé à Paris, avant d’être déporté le 18 juin 1942 vers le camp dit de rééducation d’Hinzert, près de Trèves, tenu par la SS, qui fut de mai 1942 à septembre 1943 un lieu de transit pour de nombreux Résistants luxembourgeois et pour quelque 1 500 déportés français placés sous le régime Nacht und Nebel. La famille de Jacques n’avait jamais pu connaître sa destination ultérieure. Les minutieuses recherches conduites dans les archives françaises, allemandes et polonaises ont permis à Olivier Fély-Brulet de reconstituer les étapes de son terrible parcours de déporté Nacht un Nebel, qui l’ont mené jusqu’en Silésie, dans l’actuelle Pologne, à proximité de Breslau, aujourd’hui Wroclav, où Jacques employé dans une sucrerie, succomba à la maladie et aux mauvais traitements en 1943.

Si son corps inhumé en Pologne, peut-être transféré anonymement dans le cimetière français de Gdansk, n’a pour l’heure pu être retrouvé ni formellement identifié, sa mémoire a été opportunément ravivée et mise en lumière, en ajoutant son nom, aux côtés de celui de son ami Maurice Bredin, mort en déportation en mars 1945, sur le monument aux morts de Choisy-au-Bac. Le beau film documentaire d’Olivier Fély-Biolet, à la fois si personnel et pédagogique, se termine par l’évocation de l’émouvante cérémonie, où le nom de Jacques Lamotte a été dévoilé l’an passé sur le monument aux morts de Choisy-au-Bac, redonnant une nouvelle vie et toute son humanité à une jeune victime de la barbarie nazie, que son effrayante machine avait prétendu effacer.

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